Page:Renan - Le Judaisme comme race et comme religion, 1883.djvu/26

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les σεϐόμενοι, judœi improfessi, ne sont pas restés juifs ; ils n’ont fait que traverser le judaïsme pour devenir chrétiens.

Sans doute, la plus grande partie de ces Hellènes qui avaient adopté la vie juive sans la circoncision sont devenus ensuite chrétiens. C’est chez eux que le christianisme a trouvé son terrain primitif. Mais il est certain également qu’un très grand nombre d’entre eux devenaient de véritables juifs.

Vous venez d’en avoir la preuve par le passage de Josèphe que je vous lisais tout à l’heure. Je pourrais vous citer bien d’autres faits ; ce fait, par exemple, des femmes de Damas qui, selon Josèphe, à un moment se trouvèrent toutes juives. La Syrie était le théâtre d’une propagande immense. Mon savant confrère, M. Joseph Derenbourg, l’a parfaitement établi. Nous en avons la preuve directe pour Palmyre, pour l’Iturée, pour le Hauran. Rien de plus connu que l’histoire d’Hélène, reine de l’Adiabène, qui se fit juive avec toute sa famille ; et il est bien probable qu’une grande partie de la population suivit l’exemple de la dynastie. Dans tous ces cas, il ne s’agit point de simples θεοσεϐεῖς, de gens « aimant les juifs » ; il s’agit de juifs parfaits, de juifs circoncis.

Quand on nierait l’importance des conversions au judaïsme pour les pays grecs et latins, on ne saurait la nier pour l’Orient, pour la Syrie surtout. À Palmyre, par exemple, les inscriptions ont un caractère juif très prononcé.

La dynastie des Asmonéens et celle des Hérodes contribuèrent