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Page:Renan - Le Judaisme comme race et comme religion, 1883.djvu/28

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parmi tous les hommes. Si quelqu’un doute de ma parole, je l’engage à jeter les yeux sur sa patrie, sur sa famille. »

Remarquez ce φιλεργὸν ἐν ταῖς τέχναις, « le goût que nous portons dans nos métiers ». En effet, les juifs et les chrétiens pratiquaient en général de petits métiers. C’étaient de bons ouvriers. Là est un des secrets de la grande révolution sociale du christianisme. Ce fut la réhabilitation du travail libre.

Il y a dans le passage de Josèphe un peu d’exagération ; Josèphe est très porté à ce défaut ; mais le fait général qu’il signale a certainement son côté de vérité.

Voici maintenant un passage de Dion Cassius, qui écrivait vers l’an 225. C’était un homme d’État, un sénateur, qui connaissait son temps. Il va parler d’une des guerres de Judée :

«… Ce pays, dit-il (livre XXXVII, chap. XVII), se nomme Judée, et les habitants s’appellent Juifs. Je ne connais pas l’origine de ce second nom ; mais il s’applique à d’autres hommes qui ont adopté les institutions de ce peuple, quoique étant d’une autre race (καίπερ ἀλοεθνεῖς ὄντες). Et il y a parmi les Romains beaucoup de gens de cette sorte, et ce qu’on a fait pour les arrêter n’a fait que les multiplier ; si bien qu’il a fallu leur accorder la liberté de vivre selon leurs lois. »

Ce passage est clair : Dion Cassius sait qu’il y a des juifs de race, continuateurs de l’ancienne tradition, mais qu’à côté d’eux, il y a des juifs qui ne sont pas juifs de sang, qui néanmoins sont absolument sem-