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Page:Renan - Le Judaisme comme race et comme religion, 1883.djvu/55

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d’y retourner. — Et pourquoi ? lui demanda son interlocuteur. — Vous allez en juger, répondit le voyageur. A la première séance à laquelle j’assistai, se trouvaient non seulement des musulmans de toute sorte, orthodoxes et hétérodoxes, mais aussi des mécréants, des guèbres, des matérialistes, des athées, des juifs, des chrétiens ; bref, il y avait des incrédules de toute espèce. Chaque secte avait son chef, chargé de défendre les opinions qu’elle professait, et, chaque fois qu’un de ces chefs entrait dans la salle, tous se levaient en signe de respect, et personne ne reprenait sa place avant que ce chef se fût assis. La salle fut bientôt comble, et, lorsqu’on se vit au complet, un des incrédules prit la parole : « Nous sommes réunis pour raisonner, dit-il. Vous connaissez tous les conditions. Vous autres, musulmans, vous ne nous alléguerez pas des raisons tirées de votre livre ou fondées sur l’autorité de votre prophète ; car nous ne croyons ni à l’un ni à l’autre. Chacun doit se borner à des arguments tirés de la raison. » Tous applaudirent à ces paroles. Vous comprenez, ajoute l’Espagnol, qu’après avoir entendu de telles choses, je ne retournai plus dans cette assemblée. On me proposa d’en visiter une autre ; mais c’était le même scandale. »

Un véritable mouvement philosophique et scientifique fut la conséquence de ce ralentissement momentané de la rigueur orthodoxe. Les médecins syriens chrétiens, continuateurs des dernières écoles