Page:Renan - Le Judaisme comme race et comme religion, 1883.djvu/56

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grecques, étaient fort versés dans la philosophie péripatéticienne, dans les mathématiques, dans la médecine, l’astronomie. Les califes les employèrent à traduire en arabe l’encyclopédie d’Aristote, Euclide, Galien, Ptolémée, en un mot tout l’ensemble de la science grecque tel qu’on le possédait alors. Des esprits actifs, tels qu’Alkindi, commencèrent à spéculer sur les problèmes éternels que l’homme se pose sans pouvoir les résoudre. On les appela filsouf (philosophos), et dès lors ce mot exotique fut pris en mauvaise part comme désignant quelque chose d’étranger à l’islam. Filsouf devint chez les musulmans une appellation redoutable, entraînant souvent la mort ou la persécution, comme zendik et plus tard farmaçoun (franc-maçon). C’était, il faut l’avouer, le rationalisme le plus complet qui se produisait au sein de l’islam. Une sorte de société philosophique, qui s’appelait les Ikhwan es-safa, « les frères de la sincérité, » se mit à publier une encyclopédie philosophique, remarquable par la sagesse et l’élévation des idées. Deux très grands hommes, Alfarabi et Avicenne, se placent bientôt au rang des penseurs les plus complets qui aient existé. L’astronomie et l’algèbre prennent, en Perse surtout, de remarquables développements. La chimie poursuit son long travail souterrain, qui se révèle au dehors par d’étonnants résultats, tels que la distillation, peut-être la poudre. L’Espagne musulmane se met à ces études à la suite de l’Orient ; les juifs y apportent une collaboration active. Ibn-Badja,