Page:Renan - Lettres du séminaire, 1838-1846.djvu/10

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

monsieur qui m’a procuré une bourse et qui est le médecin d’Henriette. Ce bon monsieur, à qui sa grande vertu a procuré beaucoup de connaissances parmi les ecclésiastiques de la capitale, nous a témoigne la plus grande bonté.

J’ai eu une bien grande joie, ma bonne mère, d’apprendre qu’Alain[1] venait à Paris ; nous serons donc tous les trois réunis ici, quand vous serez seule en Bretagne, mais consolez-vous, excellente mère, bientôt vous les verrez auprès de vous, et moi, j’espère aussi vous revoir bientôt, car vous n’allez sans doute pas rester si loin de nous, ô ma bonne mère. Il faut que je vous fasse une confidence, ma chère maman, j’ai eu beaucoup de courage jusqu’à mon entrée au séminaire, mais là, je vous l’avouerai, ce courage m’a totalement abandonné. Je vous le dis, ma chère bonne mère, non pour que vous vous chagriniez, mais j’avais besoin d’épancher mon cœur. J’ai eu tout à l’heure un grand soulagement, j’ai été dans la chapelle de la Sainte-Vierge dont nous célébrons

  1. Alain-Clair Renan, frère aîné d’Ernest Renan, né à Tréguier le 10 janvier 1809, mort à Neuilly, le 9 mars 1883.