Page:Renan - Lettres du séminaire, 1838-1846.djvu/182

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mence à être délicieux ; il n’y manque que du feuillage et des fleurs, et la saison va bientôt ramener l’un et l’autre. La pièce d’eau a rompu ses liens de glace, et les habitants dorés, longtemps captifs, commencent à venir s’ébattre au soleil. La partie sans contredit la plus agréable du parc est celle que l’on appelle le bois ; en été surtout, elle est délicieuse par sa fraîcheur et par l’ombrage dont on y jouit. C’est un bosquet de hauts buis et de tilleuls où se réfugient en été des milliers d’oiseaux car ici ils n’ont pas à craindre pour leurs nids les dangers qu’ils redoutent ailleurs, nous les laissons en paix faire leur petit ménage. Cette hospitalité nous en attire des troupes innombrables. Tout le parc est parsemé de statues, de grottes peintes, de petites chapelles. Vous me demandiez si on y entre. Oui, oui, ma chère maman ce sont de petits bijoux à l’intérieur, toutes peintes, toutes dorées, bleues comme le ciel. Nous avons aussi une grotte de rocailles et de coquillages, décorée avec beaucoup d’art, mais remarquable autant parce que Fénelon et Bossuet y ont eu plusieurs conférences avec d’autres personnages célèbres,