Page:Renan - Lettres du séminaire, 1838-1846.djvu/208

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n’avais peut-être pas assez pesées, examinées de nouveau entre Dieu et ma conscience, m’ont fait redouter un pas dont j’avais compris l’importance. J’ai donc cru devoir différer. Oui, différer, ma mère ; car Dieu sait que mon cœur est toujours à lui, que le sacerdoce est toujours le plus ardent de mes vœux, la plus douce de mes espérances. Ce n’est qu’un délai, et peut-être un délai bien court. Je suis encore bien jeune, ma bonne mère ; on se repent rarement d’avoir attendu, quand surtout en attendant on ne fait que se rendre plus digne. 0 maman, que je voudrais vous montrer le fond de mon âme ! Vous y verriez combien il m’en a coûté de renoncer à la douce attente que j’avais conçue. Mais j’ai cru le devoir faire, et je n’ai pas pu résister à un ordre impérieux de ma conscience.

Oh ! que dans ces cruels moments, j’ai souvent appelé ma mère ! Que j’ai souvent dit à Dieu : Mon Dieu, montrez-la-moi un quart d’heure, un petit quart d’heure, pour que je puisse épancher mon cœur dans le sien et lui dire tout ce que je souffre. Mais voici