Page:Renan - Lettres du séminaire, 1838-1846.djvu/207

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aujourd’hui notre peine, mille réflexions et mille agitations se sont partagé mon âme. Tantôt le doute prévalait tantôt les irrésolutions faisaient place à quelque chose de plus décisif. Ma première lettre a pu vous exprimer quelque chose de cet état d’anxiété et d’incertitude. Toutefois je ne vous l’exposais pas à nu, car, me disais-je à moi-même, à quoi bon fatiguer ma mère de mes hésitations, si après tout elles aboutissent à une solution affirmative ? J’avais peut-être tort, ma mère, ma bonne, mon excellente mère. Si cela est, au nom du ciel, pardonnez-moi. Les conseils de mon directeur, malgré sa haute sagesse, ont dû participer à cette incertitude. Toutefois, à certains moments, il semblait pencher très fortement pour l’affirmation et c’est dans un de ces moments que je vous ai écrit cette lettre fatale, où je vous donnais des espérances, que je suis maintenant obligé de vous ravir. Mes craintes cependant n’ont pas tardé à renaître, et lorsque le jour de la résolution définitive est arrivé, maman, ma chère maman, je vous en prie, pardonnez-moi… j’ai reculé. De nouvelles considérations, que je