Page:Renan - Lettres du séminaire, 1838-1846.djvu/213

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désolé que vous l’envisageassiez de la sorte. Je compte les jours et les heures jusqu’au moment où je pourrai recevoir votre réponse. Elle seule peut faire renaître le calme en mon âme. Je ne commencerai à respirer que quand vous m’aurez dit que vous m’aimez toujours autant et que vous êtes résignée, et je ne serai pleinement heureux, que quand j’en aurai lu de mes yeux l’assurance sur votre front. Ce moment n’est pas loin, tendre mère : oh ! que je l’appelle avec ardeur ! Il ne sera pas aussi doux qu’il aurait pu l’être, et ce sera ma faute. Cette pensée me déchire. Pourtant, ma bonne mère, nous jouirons l’un de l’autre, et cela ne nous suffit-il pas ? Adieu, tendre mère, je ne suis malheureux que parce que je songe que vous l’êtes mais jamais je ne vous ai tant aimée.

E. RENAN


[Ajouté de la main de M. Gosselin].


Je ne puis qu’approuver la résolution que prend aujourd’hui Monsieur Renan, de différer pour quelque temps son entrée dans l’état