Page:Renan - Lettres du séminaire, 1838-1846.djvu/225

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ai passés est bien propre à me faire augurer une vie douce et agréable. Mais qui est-ce qui peut remplacer une mère, et une mère comme la mienne ? Bonne maman, vous m’avez rendu si heureux que, désormais, je serai difficile sur le compte du bonheur. Oui, c’est auprès de vous que j’ai passé les jours les plus heureux de ma vie ; jamais je n’avais goûté une joie aussi pure, un contentement aussi entier que celui que j’ai ressenti durant ces trop courts instants. Vous avez fait mon bonheur, ma chère maman comment donc ne pleurerais–je pas la séparation douloureuse qui y a mis un terme ? J’avais un grand besoin d’aller me reposer en votre sein la longueur de l’absence, les petites peines que vous avez devinées, m’avaient fait un besoin de m’épancher auprès de ma tendre mère ; jugez de ma joie quand j’ai pu le faire sans réserve, quand j’ai trouvé ce cœur si bon, si tendre, si aimant, quand j’ai pu oublier, dans les embrassements maternels, toutes les peines passées. Le souvenir de notre vie si douce, si tranquille, de nos petites promenades solitaires, de nos entretiens du soir, de nos voyages