Page:Renan - Lettres du séminaire, 1838-1846.djvu/252

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

les courts instants que j’ai passés sans vous, quoique Dieu sache que ç’a toujours été malgré moi, et que mes plus doux moments ont été ceux que j’ai passés avec vous. C’est maintenant, bonne mère, que j’aime à reposer ma pensée sur notre projet favori. Savez-vous bien que cette pensée m’est nécessaire pour me soutenir ? Sans elle, je crois, le courage me manquerait. Ce sera l’an prochain, n’est-ce pas, bonne mère ? A peine étais-je parti que je regrettais de ne pas l’avoir mis à exécution cette année. C’est mon pauvre cœur, chère maman, qui fait ses folies. Pardonnez-le-lui, vous l’avez si bien gâté.

Adieu, chère maman, l’heure avancée m’empêche de m’entretenir plus longtemps avec vous. Au nom du ciel, soignez-vous bien, et songez que ma vie dépend de la vôtre. Adieu encore une fois, bonne mère, que ne puis-je vous exprimer combien je vous aime !

E. RENAN
CL M.