Page:Renan - Lettres du séminaire, 1838-1846.djvu/269

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toi ; indigne que je suis, je fais un petit somme après au lieu de suivre l’exemple de mon enfant ; je n’en ai pas le courage, mon enfant. J’ai réuni quelques livres, ils sont en si mauvais état que j’ai de la paresse à te les expédier ; ils sont entiers, mais sales, je crains qu’ils ne donnent une odeur de vétusté dans ta chambre qui t’incommodera, mais puisque tu les veux, je vais te les expédier. Il y a dans Boileau une lettre pour faire passer à Monsieur Tresvaux de la part de Jean-Louis Bizu. Tu la feras passer de suite, il est si bon pour moi, le pauvre Jean-Louis, il me donne des ouvrages fort intéressants à lire. Je lis dans ce moment la vie de Monsieur de Quélen qui est très bien, parfaitement bien. Il faut que je dise sous quelle impression j’étais quand j’ai reçu ta lettre ; j’étais triste comme une mourante, je regardais les champs, la mer, le port, rien de tout cela ne pouvait me distraire, quand j’ai entendu les pas du facteur de la poste. Mon Dieu si j’avais une bonne lettre de mon Ernest pour me remettre un peu ! C’était précisément ce qu’il me fallait, parce que tout s’est arrangé au mieux ; j’ai été aussi bien