Page:Renan - Lettres du séminaire, 1838-1846.djvu/284

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à toi. Tu paraissais si heureux, si content, c’était ce qui me flattait le plus ; et maintenant, mon pauvre Ernest, où vas-tu te caser ? Le mieux que tu pourras, j’en suis bien persuadée, mais je n’ai pas grande opinion de toutes les maisons de pension, où tout est spéculation, et cela est fort juste. Si tu y as ta pension, on te fera faire de l’ouvrage en conséquence (ta pauvre sœur pourrait t’en donner des nouvelles). Si tu y payes ta pension, il en coûtera à ta pauvre bourse, tu voudras la ménager et cela par une délicatesse bien placée. Dans ton empressement de quitter Stanislas, tu crois que tu seras nourri et payé pour deux heures par jour de travail. Cela est impossible ; enfin, mon Ernest, je te laisse libre, persuadée que tu feras ton possible pour faire amener tout à une bonne fin. Tâche toujours d’être bien couché, et ménage ta santé, et soigne-toi bien.

Mon Dieu ! quel changement dans ta vie, à peine si j’en reviens ! Prends courage, mon cher enfant, tu vas aussi avoir ta petite part des tribulations, des déceptions, enfin ce qu’a tout le monde sur cette pauvre terre. Tu les