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Page:Renan - Lettres du séminaire, 1838-1846.djvu/285

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cacheras à ta pauvre bonne mère (qui les devinera), comme s’il fallait que son enfant soit entouré d’une auréole de bonheur pour être aimé d’elle. Dis-moi les choses telles qu’elles sont, mon Ernest, je partagerai tes peines comme j’ai partagé tes joies. En avons-nous eu, mon fils ? Oui, de bien réelles. Espérons que le bon Dieu nous en réserve encore. Conserve toujours ce grand, ce joli caractère qui charme tous ceux qui te connaissent, et ne mets point de barrière entre tes premiers amis et toi. Cela, mon fils, ne t’obligera en rien, ils reconnaîtront en toi ce noble caractère qui est le partage des âmes bien nées, parce que, enfin, mon bon Ernest, il ne t’est pas venu dans l’idée que je veuille te faire entrer dans le saint état du sacerdoce malgré toi ? Tu avais nourri mon cœur et ma pensée de cette douce, de cette délicieuse espérance ; si elle m’est ravie, eh bien ! mon enfant chéri, tu me dédommageras par ta tendresse, et par le zèle que tu mettras à tâcher de te faire une carrière, puisque nous sommes sans fortune sur cette pauvre terre. Ne reste pas tard dans les bibliothèques, je t’en prie, les gazettes sont