Page:Renan - Lettres du séminaire, 1838-1846.djvu/316

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les lui envoie, sans savoir quels ils seront. Du reste tous les élèves sont enchantés de la manière dont je m’en tire, et je leur fais beaucoup de bien par la manière douce et morale dont j’agis avec eux. Mon Dieu ! chère mère, quelle idée vous vous êtes faite des pensions en vérité, peu m’importe ce que sont les autres ; mais celle-ci est, je peux vous l’assurer, la maison la plus honnête, la plus rangée, la plus religieuse qu’on puisse voir. Monsieur Crouzet a fait lui-même des études théologiques dans un séminaire. Elle est du reste si peu nombreuse, qu’on croirait la maison déserte il y a à peine dix-huit à vingt élèves, ce qui, comme vous le comprenez, est ce qui me convenait le mieux. Ce sont tous des enfants de bonne famille, et parfaitement élevés. Je n’ai jamais vu une réunion d’enfants d’un caractère plus souple et plus facile à manier ; mais aussi ils ont généralement le défaut du caractère parisien d’une amabilité charmante, mais mous et faibles comme de la paille mouillée. Impossible de les appliquer aux choses sérieuses ; heureusement que ce n’est pas mon affaire. Quand je compare cela à nos petits paysans,