Page:Renan - Lettres du séminaire, 1838-1846.djvu/318

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en sorte que c’est un repos que je n’avais pas encore trouvé depuis que j’ai quitté Issy. Si on n’entendait au loin le roulement des voitures, et les chanteurs en plein vent, qui inondent par essaim ces quartiers de gens retirés, on se croirait à cent lieues de Paris. J’ai pourtant porte à porte de ma chambre un voisin des plus aimables. C’est un jeune homme, qui se prépare à prendre ses grades dans la science, après avoir remporté au lycée Henri IV et au grand concours les plus brillants succès. C’est le fils d’un des plus célèbres médecins de Paris, Monsieur Berthelot. J’ai connu peu de jeunes gens aussi distingués, aussi religieux, aussi graves il semble que nous fussions taillés l’un pour l’autre. Aussi après nous être longtemps étudiés l’un l’autre, en nous tenant dans les limites de la politesse, nous avons reconnu que nous étions dignes d’être amis. Au milieu de nos longues études, nous allons nous délasser en passant un quart d’heure au coin du feu l’un de l’autre. Souvent même nous travaillons ensemble, le soir surtout. Il a voulu à toute force que je lui apprenne