Page:Renan - Lettres du séminaire, 1838-1846.djvu/323

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Quand il n’y a pas de cours le matin ou le soir, je vais à quelque bibliothèque, soit Sainte-Geneviève. Mazarine ou de l’Institut, pour laquelle Monsieur Stanislas Julien, à qui j’ai été porter félicitations de son nouvel honneur, m’a procuré entrée : car celle-ci n’est ouverte qu’aux membres de l’Institut, ou à ceux qui s’y présentent avec une lettre de l’un d’eux.

Quoique cette vie soit fort occupée, chère mère, elle ne me fatigue pas du tout. C’est pour moi un exercice fort salutaire d’aller et de venir quatre ou cinq fois par jour de la Sorbonne, du Collège de France ou des bibliothèques. Pendant ce temps-là, je pense à ma mère, je me délecte de charmantes espérances, je nourris mes chères réflexions ; car dans ces rues de Paris, où l’on n’est connu de personne, on est libre comme dans sa chambre. Et puis, chère mère, j’ai à côté de moi l’église Saint Jacques, où je vais prier Dieu et reprendre des forces. Souvent aussi je vais à Saint-Sulpice, surtout le dimanche, et puis régulièrement tous les huit jours, pour voir Monsieur Le Hir. Mon Dieu chère mère, quel ami j’ai trouvé en lui, je ne puis vous dire tout ce que je lui