lettre, qui m’a obligé de retarder de huit jours le plaisir que j’aurais de m’entretenir avec vous. Enfin je puis le faire en liberté. Je vais donc entrer en matière et commencer mon journal.
J’ai éprouvé une joie solide et bien sincère, ma bonne et tendre mère, en apprenant que vous étiez allée faire une retraite chez les sœurs de la Croix. Vous aurez dû en tirer quelque consolation à vos privations et à vos chagrins ; car la religion et la piété seules, ô ma bonne mère, peuvent seules nous consoler. Je ne doute pas que vous n’ayez entendu de belles instructions, et qu’on ne vous ait parlé sur les vérités de notre sainte religion avec éloquence, surtout de la bonté et de la miséricorde de Dieu. C’est un si bon père, ô ma chère maman, que nous ne pouvons jamais ni trop l’aimer, ni trop avoir confiance en lui. Vous aurez sans doute éprouvé une grande joie, lors de la clôture de cette retraite, et vous en serez sortie avec une tranquillité d’âme dont on ne peut assez exprimer les charmes. C’est l’ordinaire, ma chère maman, je crois que le jour le plus heureux et le plus content