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L’espace me manque, ma chère et excellente Henriette ; je m’effraie en songeant que, dans un mois peut-être, cette lettre ne te sera point parvenue, et que plusieurs mois s’écouleront peut-être avant qu’il me soit donne d’en recevoir la réponse. Je te supplie que ce soit le plus tôt possible. Adieu, ma très chère Henriette ; mon bonheur est de me reposer dans ta pensée : ton amitié fait toute ma joie ; puisses-tu comprendre combien je te paie de retour !

E. RENAN.


V


12 mars 1843.

Mon Ernest,

Ta dernière lettre est arrivée dans mon désert depuis environ quinze jours. Comme nul doute sur ma tendresse pour toi ne peut, je l’espère, entrer dans ton cœur, je ne te répéterai point que recevoir un témoignage de ton amitié est l’une des joies les plus vives qui puissent m’être accordées. Oui, c’est une douce pensée que celle d’avoir une affection