Page:Renan - Lettres intimes 1842-1845, calmann-levy, 1896.djvu/153

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circonspect en mes désirs dans une affaire aussi délicate. Enfin, ce sera toujours un essai, lequel, comme tu l’as bien senti, devait en être le préliminaire indispensable. Tu as sans doute appris l’heureuse affaire qu’Alain vient de conclure, en se chargeant de la suite des opérations commerciales de M. Lemonnier. Quoique je sois bien peu à portée d’en apprécier les suites, je m’imagine pourtant qu’elle devra lui être fort avantageuse.

Rassure-moi, ma bonne Henriette, sur les alarmes que m’avait fait concevoir un passage de ta dernière lettre. Tu semblais m’y dire à demi-mot, du moins j’ai cru comprendre, que la famille à laquelle tu t’es attachée semblait peu attentive à payer de retour les immenses sacrifices que tu as faits pour elle, et qu’il te fallait bien des combats pour mettre à l’abri de toute investigation cette liberté intérieure qui est notre premier bien. O mon Henriette, serait-il possible que l’on payât ainsi tes services et que ce fût là le prix de ton exil ! Dis-moi tout, je t’en supplie, ne mets pas plus de réserve à m’exposer tes peines, que je n’en