Page:Renan - Lettres intimes 1842-1845, calmann-levy, 1896.djvu/243

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

était possible, rien aussi n’y eut été plus propre que ta dernière lettre. Oui, mon ami, ouvre-moi ta pensée en tout, toujours, entièrement ; et sois assuré qu’elle sera non seulement comprise, mais partagée avec la plus douce sympathie. Il y a déjà plus d’un mois que je l’ai reçue, cette preuve de confiance qui m’a été si chère ; si je ne t’ai point dit plus tôt tout ce qu’elle m’a fait éprouver, c’est que je voulais, cher ami, attendre la réponse d’une lettre que j’ai écrite à Vienne, et dans laquelle je demandais si quelqu’un dont le cœur m’est tout dévoué pouvait me seconder dans des démarches que je lui indiquais. J’ai reçu cette réponse et je vais t’en parler tout à l’heure. D’abord, mon bon Ernest, je dois te dire que, d’après ta dernière lettre, je me suis décidée à ne pas m’adresser à M. Des… Ce que nous jugeons avec notre cœur et notre conscience, n’est pour lui, comme pour bien d’autres, qu’une affaire de parti. J’ai eu bien de la peine à le croire, mais il m’a fallu me rendre à l’évidence. Je ne pouvais compter sur sa discrétion à l’égard des personnes qui t’entourent ; au contraire, il m’est à peu près