Page:Renan - Lettres intimes 1842-1845, calmann-levy, 1896.djvu/271

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sommes-nous séparés dans un tel moment !... Encore une fois, ami, courage ! on n’est homme qu’à la condition d’avoir beaucoup lutté. Mon frère, mon ami, mon enfant bienaimé ! appuie-toi toujours sur mon bras et sur mon cœur, et sois certain que ni l’un ni l’autre ne te manqueront jamais... Écoute avec patience les observations de chacun ; mais qu’elles ne puissent pas t’ébranler, ni surtout te faire sortir de la ligne que tu dois suivre. Je te le répète : certains voiles une fois soulevés ne se replacent jamais. A quelques jours, mon bon ami ! A toi constamment. Emma ne saura point pourquoi je t’adresse cette lettre en confidence ; elle croit qu’il s’agit de moi.


XIX


15 août 1845.

Ta dernière lettre, mon bien cher ami, remplit trop vivement ma pensée pour que je tarde à y répondre. La situation où tu te