Page:Renan - Ma soeur Henriette, Calmann-Levy, 1895.djvu/121

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mais comme un automate gardant l’impulsion qu’il a reçue. Je me rappelle encore distinctement le sentiment que j’éprouvai en voyant les paysans aller à messe : d’ordinaire, à ce moment, quand on savait que nous y allions, on se réunissait pour nous faire fête. Le médecin vint le matin. Il fut décidé que le lendemain, avant le jour, on enverrait des matelots avec un cadre pour prendre ma sœur, et que le Caton nous ramènerait immédiatement à Beyrouth. Vers midi, je dus travailler encore, dans la chambre de ma pauvre amie, car on m’a dit que c’est là qu’on trouva mes livres et mes notes éparses à terre sur la natte où j’avais coutume de m’asseoir. Dans l’après-midi, ma sœur se trouva beaucoup plus mal. J’écrivis au médecin de venir en toute hâte, lui parlant d’accidents du côté du cœur. Je n’ai aucun souvenir d’avoir écrit cette lettre et quand on me la représenta plusieurs jours après, elle ne