Page:Renan - Ma soeur Henriette, Calmann-Levy, 1895.djvu/90

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gnerait. Habitué à ses soins et à l’excellente collaboration qu’elle me donnait dans tous mes travaux, j’avais en outre besoin d’elle pour surveiller les dépenses et tenir la comptabilité. Elle le fit avec un soin minutieux, et, grâce à elle, je pus, durant une année entière, mener à fin une entreprise fort compliquée, sans être un moment arrêté par des soucis matériels. Son activité étonna tous ceux qui la virent. Sans elle, incontestablement, je n’aurais pu remplir en si peu de temps le programme, trop étendu peut-être, que je m’étais tracé.

Elle ne me quitta pas un moment. Sur les sommets les plus escarpés du Liban, comme dans les déserts du Jourdain, elle me suivit pas à pas, vit tout ce que je vis. Si j’étais mort, elle eût pu raconter mon voyage presque aussi bien que moi. Les épouvantables routes de la montagne et les privations inséparables de ces sortes d’explorations, ne