l’arrêtèrent jamais. Mille fois le cœur me faiblit en la voyant vaciller au-dessus des précipices ; elle était à cheval d’une solidité extraordinaire. Elle faisait huit ou dix heures de marche par jour. Sa santé, habituellement assez frêle, résistait, soutenue par l’énergie de sa volonté ; mais le système nerveux tout entier contractait une excitation qui se trahissait par des névralgies violentes. Deux ou trois fois, en plein désert, elle tomba dans des états qui nous épouvantèrent. Son courage nous faisait illusion. Elle avait embrassé mon plan de recherches avec tant de passion que rien ne put la séparer de moi avant qu’il fût parfaitement accompli.
Ce voyage fut, du reste, pour elle, la source de jouissances très vives. Ce fut, à vrai dire, sa seule année sans larmes et presque la seule récompense de sa vie. La fraîcheur de ses impressions était entière ; elle s’abandonnait