Page:Renan - Ma soeur Henriette, Calmann-Levy, 1895.djvu/96

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l’âme, l’idée, l’impression générale. Nos longues tournées dans ce beau pays, toujours en face de l’Hermon, dont les ravins seuls se distinguaient sur l’azur du ciel en lignes de neige, sont restées dans notre mémoire comme des rêves d’un autre univers.

Au mois de juillet, ma femme, qui depuis le mois de janvier était avec nous, dut nous quitter pour d’autres devoirs. Les fouilles étaient finies, l’armée avait évacué la Syrie. Nous restâmes seuls ensemble pour veiller à l’enlèvement des objets, achever l’exploration du haut Liban et préparer pour l’automne suivant une dernière campagne à Chypre. Je déplore maintenant de mes larmes les plus amères le parti que je pris de prolonger ainsi notre séjour durant les mois qui sont, en Syrie, les plus dangereux pour l’Européen. Notre dernier voyage dans le Liban la fatigua beaucoup. Nous demeurâmes trois jours à