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CHAPITRE VIII.


LE SYNCRÉTISME ORIENTAL — LES OPHITES — FUTURE
APPARITION DU MANICHÉISME


Nous sortirions de notre cadre en suivant l’histoire de ces chimères au iiie siècle. Dans le monde grec et latin, le gnosticisme avait été une mode ; il disparut comme tel assez rapidement. Les choses se passèrent autrement en Orient. Le gnosticisme prit une seconde vie, bien plus brillante et plus compréhensive que la première, par l’éclectisme de Bardesane, — bien plus durable, par le manichéisme. Déjà, dès le iie siècle, les antitactes d’Alexandrie sont de véritables dualistes, attribuant les origines du bien et du mal à deux dieux différents[1]. Le manichéisme ira plus loin ; trois cent cinquante ans avant Mahomet, le génie de la Perse réalise déjà ce que réalisera bien plus puissamment le génie de l’Arabie, une religion

  1. Clément d’Alex., Strom., III, ch. 4 ; Théodoret, Hæret. fab., I, 16.