Page:Renan - Marc-Aurèle et la Fin du monde antique.djvu/175

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ment trop de concessions. Il eût protesté et soutenu qu’on revenait au judaïsme, qu’on versait du vin nouveau dans de vieilles outres[1], qu’on supprimait la différence de l’Évangile et de la Loi.

La doctrine d’Apelle ne sortit pas de Rome et ne dura guère après sa mort. Tertullien, cependant, se crut obligé de la réfuter[2]. Un certain Lucain ou Lucien fit, comme Apelle, secte à part dans l’Église marcionite[3]. Il semble qu’il admettait, comme Synérôs, trois principes, l’un bon, l’autre mauvais, l’autre juste. Le principe strictement juste était représenté par le démiurge ou créateur. Dans sa haine contre ce dernier, Lucien supprimait le mariage. Par ses blasphèmes contre la création, il parut à d’autres se rapprocher de Cerdon[4].

Sévère semble avoir été un gnostique attardé plus encore qu’un marcionite[5]. Prépon l’Assyrien niait la naissance du Christ et soutenait que, l’an 15

  1. Epiph., Hær., xlii, 2.
  2. De carne Christi, 8. Cf. Epiph., Hær., xliv.
  3. Tertullien, De resurr. carnis, 2. Præscr., [51] ; Origène, Contre Celse, II, 27 ; Épiphane, Hær., xliii, xliv, 1 ; Philosoph., VII, 11 et 37 ; Philastre, 46 ; Pseudo-Tert., 18.
  4. Philosoph., VII, 37.
  5. Epiph., Hær., xlv. Voir ci-après p. 168-169. C’est à tort que l’on met Blastus parmi les marcionites et parmi les montanistes.