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Montan, de Priscille et de Maximille, quand un ardent Asiate, confesseur de la foi, Épigone, dit Praxéas, qui connaissait les sectaires mieux que les anciens de Rome, dévoila les faiblesses des prétendus prophètes, et montra au pape qu’il ne pouvait approuver ces rêveries sans démentir ses prédécesseurs, qui les avaient condamnées[1].

Le débat se compliquait de la question de la pénitence et de la réconciliation. Les évêques réclamaient le droit d’absoudre et en usaient avec une largeur qui scandalisait les puritains. Les illuminés prétendaient qu’eux seuls pouvaient remettre l’âme en grâce avec Dieu, et ils se montraient fort sévères. Tout péché mortel (homicide, idolâtrie, blasphème, adultère, fornication) fermait, selon eux, la voie au repentir. Si ces principes outrés fussent restés confinés dans les cantons perdus de la Catacécaumène, le mal eût été peu de chose. Malheureusement, la petite secte de Phrygie servit de noyau à un parti considérable, qui offrit des dangers réels, puisqu’il fut capable d’arracher à l’Église orthodoxe son plus illustre apologiste, Tertullien. Ce parti, qui rêvait une

  1. Tertullien, In Prax., 1 ; Philosoph. IX, 7. Pour l’identité d’Épigone et de Praxéas, voir de Rossi, Bull., 1866, p. 67 et suiv., 82. Le Prædestinatus, ch. xxvi, parle d’un écrit de Soter contre les montanistes, ce qui n’est pas impossible ; plus loin, le Prædestinatus confond Soter et Zéphyrin.