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CHAPITRE XX.


RECONSTITUTION DE L’ÉGLISE DE LYON — IRÉNÉE.


La rage des fanatiques n’était pas satisfaite. Elle s’assouvit sur les cadavres des martyrs. Les corps des confesseurs qui étaient morts étouffés dans la prison furent jetés aux chiens, et une garde fut établie jour et nuit pour qu’aucun des fidèles ne leur donnât la sépulture. Quant aux restes informes qu’on avait chaque jour traînés ou ratissés de l’arène dans le spoliaire, os broyés, lambeaux arrachés par la dent des bêtes, membres rôtis au feu ou carbonisés, têtes coupées, troncs mutilés, on les laissa également sans sépulture et comme à la voirie, exposés aux injures de l’air, avec une garde de soldats qui veilla sur eux durant six jours. Ce hideux spectacle excitait chez les païens des réflexions diverses. Les uns trouvaient qu’on avait péché par excès d’humanité, qu’on aurait dû soumettre les mar-