Page:Renan - Marc-Aurèle et la Fin du monde antique.djvu/373

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naïvement enfantin dans les récits de la création, du déluge, de l’arche. Le caractère sanglant, dur, égoïste de l’histoire juive ; la bizarrerie du choix divin, se portant sur un tel peuple pour en faire le peuple de Dieu[1], sont bien mis en lumière. L’âpreté des railleries juives contre les autres sectes est vivement relevée comme un acte d’injustice et d’orgueil[2]. Tout le plan messianique de l’histoire judéo-chrétienne, ayant pour base l’importance exagérée que les hommes, et en particulier les juifs, s’attribuent dans l’univers, est réfuté de main de maître[3]. Pourquoi Dieu descendrait-il ici-bas ? Serait-ce pour apprendre ce qui se passe parmi les hommes ? Mais ne sait-il pas toutes choses ? Sa puissance est-elle si bornée, qu’il ne puisse rien corriger sans venir lui-même dans le monde ou y envoyer quelqu’un ? Serait-ce pour être connu ? C’est lui prêter un mouvement de vanité tout humain. Et puis pourquoi si tard ? pourquoi plutôt à un moment qu’à un autre ? pourquoi plutôt en tel pays qu’en tel autre ? Les théories apocalyptiques de l’embrasement final[4], de la résurrection, sont de même victorieusement réfutées. Bizarre prétention de rendre

  1. Orig., I, 16-20, 24 ; IV, 31, 33 ; VII, 18.
  2. Ibid., III, 19, 22, 43 ; V, 41.
  3. Ibid., III, 1, 5, 7 ; IV, 2, 3, 5, 6, 7, 10, 11.
  4. Ibid., IV, 11 ; V, 14.