Dans ses jugements sur l’Église, telle qu’elle existait de son temps, Celse se montre singulièrement malveillant. À part quelques hommes honnêtes et doux[1], l’Église lui apparaît comme un amas de sectaires s’injuriant les uns les autres. Il y a une nouvelle race d’hommes, nés d’hier, sans patrie, ni traditions antiques, ligués contre les institutions civiles et religieuses, poursuivis par la justice, notés d’infamie, se faisant gloire de l’exécration commune[2]. Leurs réunions sont clandestines et illicites ; ils s’y engagent par serment à violer les lois et à tout souffrir pour une doctrine barbare[3], qui aurait, en tout cas, besoin d’être perfectionnée et épurée par la raison grecque[4]. Doctrine secrète et dangereuse ! Le courage qu’ils mettent à la soutenir est louable ; il est bien de mourir pour ne pas abjurer ou feindre d’abjurer la foi qu’on a embrassée[5]. Mais encore faut-il que la foi soit fondée en raison et n’ait pas pour base unique un parti pris de ne rien examiner[6]. Les chrétiens, d’ailleurs, n’ont pas inventé le martyre ; chaque croyance a donné des exemples de