Page:Renan - Marc-Aurèle et la Fin du monde antique.djvu/512

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paru ; mais les jurisconsultes les remplaçaient. Papinien, Ulpien, Paul, Gaïus, Modestin, Florentinus, Marcien[1], pendant des années exécrables, font des chefs-d’œuvre et créent véritablement le droit de l’avenir[2]. Très inférieurs à Trajan et aux Antonins pour les traditions politiques, les empereurs syriens, par cela même qu’ils ne sont pas Romains et n’ont rien des préjugés romains, font souvent preuve d’une ouverture d’esprit que ne pouvaient avoir les grands empereurs du iie siècle, tous si profondément conservateurs. Ils permettent, encouragent même les collèges ou syndicats[3]. Se laissant aller en cet ordre jusqu’à l’excès, ils voudraient des corps de métiers organisés en castes, avec des costumes à part[4]. Ils ouvrent à deux battants les portes de l’empire. L’un d’eux, le fils de Mammée, ce bon et touchant Alexandre-Sévère, égale presque, par sa bonté plébéienne, les vertus patriciennes des beaux siècles ; les plus hautes pensées pâlissent auprès des droites effusions de son cœur.

C’est surtout en religion que les empereurs dits

  1. Sans parler de plusieurs autres célébrités des Pandectes, qui paraissent se rattacher au temps d’Alexandre-Sévère.
  2. Cod. Théod., I, iv, De responsis prudentum.
  3. Lampride, Alex.-Sév., 33.
  4. Lampride, Héliog., 4 ; Alexandre-Sévère, 27.