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CHAPITRE XXIX.


LE CULTE ET LA DISCIPLINE.


L’histoire d’une religion n’est pas l’histoire d’une théologie. Les subtilités sans valeur qu’on décore de ce nom sont le parasite qui dévore les religions bien plutôt qu’elles n’en sont l’âme. Jésus n’eut pas de théologie ; il eut le sentiment le plus vif qu’on ait eu des choses divines et de la communion filiale de l’homme avec Dieu. Aussi n’institua-t-il pas de culte proprement dit, en dehors de celui qu’il trouva déjà établi par le judaïsme. La « fraction du pain », accompagnée d’actions de grâces, ou eucharistie, fut le seul rite un peu symbolique qu’il adopta, et encore Jésus ne fit-il que lui donner de l’importance et se l’approprier ; car la beraka (bénédiction), avant de rompre le pain, a toujours été un usage juif. Quoi qu’il en soit, ce mystère du pain et du vin, considérés comme étant le corps et le sang de Jésus, si bien que