Page:Renan - Marc-Aurèle et la Fin du monde antique.djvu/548

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scopat, les dons spirituels, les miracles, l’inspiration directe continuaient dans l’Église et en faisaient la vie. Irénée voit en ces facultés surnaturelles la marque même de l’Église de Jésus[1]. Les martyrs de Lyon y participent encore[2]. Tertullien se croit entouré de miracles perpétuels[3]. Ce n’est pas seulement chez les montanistes que l’on attribuait le caractère surhumain aux actes les plus simples. La théopneustie et la thaumaturgie, dans l’Église entière, étaient à l’état permanent[4]. On ne parlait que de femmes spirites, qui faisaient des réponses et semblaient des lyres résonnant sous un coup d’archet divin. La soror dont Tertullien nous a gardé le souvenir[5] émerveille l’Église par ses visions. Comme les illuminées de Corinthe du temps de saint Paul, elle mêle ses révélations aux solennités de l’Église ; elle lit dans les cœurs ; elle indique des remèdes ; elle voit les âmes corporellement comme des petits êtres de forme humaine, aériens, brillants, tendres et transpa-

  1. Adv. hær., II, xxxi, 2 ; xxxii, 4 ; IV, xx, 8 ; V, vi, 1. Cf. Eus., H. E., V, 7.
  2. Cf. Pseudo-Ign., Ad Philad., 7 ; ad Trall., 14.
  3. De anima, 47, 51 ; De idol., 15.
  4. Saint Justin, Dial., 39, 82, 87-88 ; Athénagore, Leg., 7 ; Homélies pseudo-clém., i, 19 ; ii, 6-10, 12, 21 ; iii, 11, 12 ; viii, 10 ; Constit. apost., VIII, 1, 7.
  5. Tert., De anima, 9.