Page:Renan - Marc-Aurèle et la Fin du monde antique.djvu/549

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rents Des enfants extatiques passaient aussi pour les interprètes que se choisissait parfois le Verbe divin[1].

La médecine surnaturelle était le premier de ces dons, que l’on considérait comme des héritages de Jésus. L’huile sainte en était l’instrument. Les païens étaient fréquemment guéris par l’huile des chrétiens[2]. Quant à l’art de chasser les démons, tout le monde reconnaissait que les exorcistes chrétiens avaient une grande supériorité ; de toutes parts, on leur amenait des possédés pour qu’ils les délivrassent[3], absolument comme la chose a lieu encore aujourd’hui en Orient. Il arrivait même que des gens qui n’étaient pas chrétiens exorcisaient par le nom de Jésus. Quelques chrétiens s’en indignaient ; mais la plupart s’en réjouissaient, voyant là un hommage à la vérité[4]. On ne s’arrêtait pas en si beau chemin. Comme les

  1. Saint Cyprien, Epist., 9. Cf. De lapsis, 25, 26.
  2. Tert., Ad Scap., 4.
  3. Justin, Apol. II, 6 ; Dial., 30, 76, 85, 121 ; Irénée, II, xxxii, 4 ; Tertullien, Apol., 23, 27, 37 ; Ad Scap., 4 ; De idol., 11 ; Ad ux., II, 4 ; De spect., 29 ; De exhort. cast., 10 ; De anima, 9, 57 ; Arnobe, I, 45 ; Origène, Contre Celse, I, 67 ; II, 33 ; III, 24 ; VII, 4 ; Lucien, Philopseudès, 16, etc. Voir le mém. de M. Le Blant sur l’accusation de magie, dans les Mém. de la Soc. des Antiq. de France, XXXI. Cf. Comptes rendus de l’Acad. des inscr., 1866, p. 365-370. Déjà Moïse et Jamnès avaient eu la réputation d’exorcistes célèbres (Strabon, Pline, Apulée, Celse).
  4. Marc, ix, 38 ; I Cor., xii, 1.