Page:Renan - Marc-Aurèle et la Fin du monde antique.djvu/577

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toujours existé[1], put contribuer à ce résultat ; mais le monachisme était dans l’essence même du christianisme. Dès que l’Église s’ouvrit à tous, il était inévitable qu’il se formât de petites Églises pour ceux qui prétendaient vivre comme Jésus et les apôtres de Jérusalem avaient vécu[2].

Une grosse lutte s’indiquait pour l’avenir. La piété chrétienne et l’honneur mondain seront deux antagonistes qui se livreront de rudes combats. Le réveil de l’esprit mondain sera le réveil de l’incrédulité. L’honneur se révoltera et soutiendra qu’il vaut bien cette morale qui permet d’être un saint sans être toujours un galant homme. Il y aura des voix de sirènes pour réhabiliter toutes les choses exquises que l’Église a déclarées profanes au premier chef. On reste toujours un peu ce qu’on a été d’abord. L’Église, association de saintes gens, gardera ce caractère, malgré toutes ses transformations. Le mondain sera son pire ennemi. Voltaire montrera que ces frivolités diaboliques, si sévèrement exclues d’une société piétiste, sont à leur manière bonnes et nécessaires. Le

  1. Voir les Apôtres, p. 78 et suiv. ; Journ. asiat., fév.-mars 1868, p. 280 et suiv. ; Comptes rendus de l’Acad. des inscr., 1869, p. 54 et suiv. ; Arch. des miss, scient., 3e série, t. IV, p. 479 et suiv. (Revillout). Lire surtout Porphyre, De abstin. anim., IV, 6.
  2. Lire attentivement Clém. d’Alex., Strom., VII, ch. xii.