Page:Renan - Marc-Aurèle et la Fin du monde antique.djvu/581

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morale en action, fournie par les dieux. On voulait une religion honnête ; or le paganisme ne l’était pas. La prédication morale suppose le déisme ou le monothéisme ; le polythéisme n’a jamais été un culte moralisateur. On voulait surtout des assurances pour une vie ultérieure où fussent réparées les injustices de celle-ci. La religion qui promet l’immortalité et assure qu’on reverra un jour ceux qu’on a aimés l’emporte toujours. « Ceux qui n’ont pas d’espérance »[1] sont bien vite vaincus. Une foule de confréries, où ces croyances consolantes étaient professées, attiraient de nombreux adeptes. Tels étaient les mystères sabaziens et orphiques, en Macédoine ; en Thrace[2], les mystères de Dionysos. Vers le iie siècle, les symboles de Psyché prennent un sens funéraire et deviennent une petite religion d’immortalité, que les chrétiens adoptent avec empressement[3]. Les idées sur l’autre vie, hélas ! comme tout ce qui est affaire de goût et de sentiment, sont ce qui subit le plus

  1. Οἱ μὴ ἔχοντες ἐλπίδα. I Thess., iv, 13,
  2. Voir surtout l’inscription de Doxato. Heuzey, Miss. de Macéd., p. 128 et suiv. Cf. Plutarque, Consol. ad uxorem, 10 ; Frœhner, Vases du prince Nap., p. 34 et 35 ; Macrobe, Sat., VII, xvi, 8 ; Servius, in Georg., I, 166.
  3. Collignon, Mythe de Psyché (Paris, 1877), p. 35 et suiv., 56 et suiv. ; 80 et suiv. L’image de Psyché figure à la catacombe de Flavie Domitille. De Rossi, Roma sott., I, p. 187.