Page:Renan - Melanges Histoires et Voyages,Calmann,1878.djvu/146

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sans s’en apercevoir ; Ninive, que Lucien, né à quelques lieues de là, mettait au rang des villes dont il ne reste plus de traces et dont le site même est inconnu, Ninive a reparu à la lumière, tandis que Babylone, sa rivale, dont l’existence et la splendeur se sont prolongées jusqu’à une époque bien plus rapprochée de nous ; Babylone, dont les ruines n’ont jamais cessé d’être connues, visitées, décrites, n’est encore et ne sera sans doute pendant longtemps qu’un monceau de décombres. Un art assyrien, vraiment digne de ce nom, est venu prendre place dans les grandes collections de Paris et de Londres ; et, s’il fallait augurer des découvertes futures, soit par celles qu’ont fournies les dix dernières années, soit par celles que semblent promettre les innombrables tumulus de la Mésopotamie et du Kurdistan, on pourrait croire que le jour n’est pas éloigné où la Grèce sera dans nos musées écrasée par l’Orient ; il est vrai qu’à défaut du nombre, il lui restera une maîtrise qui ne lui sera jamais contestée, celle de la beauté.

Les deux publications de M. Layard, que nous annonçons aujourd’hui, sont bien propres à faire comprendre l’importance toujours croissante de cette branche de l’archéologie. On se rappelle que c’est à M. Layard qu’appartient, avec M. Botta, la gloire d’avoir ouvert à la science ce champ nouveau. Attaché à l’ambassade d’Angleterre à Constantinople, M. Layard était de retour à son poste, après avoir passé en Angleterre une partie de l’année 1848, lorsque la publication de ses premières re-