Page:Renan - Melanges Histoires et Voyages,Calmann,1878.djvu/197

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les témoignages de ce genre sont favorables à Faustine. Marc-Aurèle, en une pareille question, a bien le droit d’être écouté. Sa correspondance avec Fronton, le beau passage des Pensées où il parle de son épouse, valent l’autorité de tous les écrivains de l’Histoire Auguste ensemble. Pour moi, je suis porté à croire qu’il y a là une de ces calomnies mises en circulation par la malveillance de quelques-uns, accueillies avidement par la légèreté de tous. » Discutant alors le fait de la complicité de Faustine dans la révolte d’Avidius Cassius, notre savant confrère me montra par de lumineux rapprochements combien, depuis Tillemont jusqu’à Borghesi et M. Noël des Vergers, la critique a été injuste pour Faustine, en repoussant d’importantes pièces justificatives, dont les dernières découvertes de l’épigraphie prouvent l’authenticité. En attendant le jour où M. Léon Renier traitera le sujet avec l’autorité qui n’appartient qu’à lui, on a voulu réunir ici quelques-unes des considérations qui commandent au moins d’apporter beaucoup de réserve dans un procès historique où les témoins à charge ont été admis d’emblée comme croyables, et où les témoins à décharge ont été mal écoutés ou repoussés sur d’injustes préventions.



I.


Nous n’avons pas d’histoire contemporaine de Marc-Aurèle. Marius Maximus et Dion Cassius, les plus anciens historiens qui ont traité de son règne, lui sont postérieurs d’une génération. L’ouvrage de Marius Maximus