Page:Renan - Melanges Histoires et Voyages,Calmann,1878.djvu/319

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voyageurs par terre qui ont laissé des mémoires celui qui a parcouru le plus de pays. C’est au moins, de tous les voyageurs arabes, le plus honnête, le plus curieux, le plus éveillé. Né à Tanger, il visita, de 1325 à 1354, les côtes barbaresques, l’Égypte, la Syrie, l’Arabie, la Perse, l’Asie Mineure, Constantinople, la Russie méridionale, la Tartarie, l’Afghanistan, l’Inde, la Chine, les îles Maldives, Ceylan, le Zanguebar, le Soudan, Tombouctou, Grenade. La rareté des manuscrits complets de sa relation, qui paraît s’être peu répandue en dehors du Maroc et de l’Algérie, explique seule comment un ouvrage de cette importance est resté presque inconnu jusqu’à nos jours. Les cinq manuscrits qu’en possède notre Bibliothèque nationale, et parmi lesquels figure une moitié du manuscrit autographe, sont sans contredit le plus précieux butin littéraire qu’ait produit et que produira sans doute la conquête de l’Algérie. Déjà, à diverses reprises, la Société asiatique avait publié dans son journal des fragments de ce curieux récit ; elle a pensé avec raison qu’il était temps de le présenter dans son ensemble, et elle a chargé de ce soin deux de ses membres les plus habiles. MM. Defrémery et Sanguinetti. Le premier volume, qui vient de paraître et qui sera suivi de quatre autres, fait le plus grand honneur au savoir et au goût de ces deux orientalistes, et inaugure de la façon la plus heureuse une collection destinée, nous le croyons, à exercer une grande influence sur les études relatives à l’Orient. La passion des voyages est un des traits les plus saillants du caractère des Arabes et un de ceux par lesquels ils ont marqué le plus profondément leur trace dans l’histoire de la civilisation. Avant le grand élan de la naviga-