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MÉLANGES D’HISTOIRE.

agir à découvert, puisqu’elles n’ont pas profité de l’attaque des Anglais. Il est certain que les Mantchoux redoutent ces sociétés et les poursuivent activement. Aujourd’hui le gouvernement semble aussi gêné dans ses finances qu’en 1826 et 1828, où la vente des charges fut légalement autorisée pour subvenir aux frais de la guerre contre le Turkestan. S’il n’a pas mis de nouveau les grades littéraires à l’encan, il a fait quêter chez les gens riches pour payer le prix de la paix obtenue des vainqueurs. L’empereur est âgé, et son successeur désigné est encore très-jeune. On peut donc présumer qu’il y aura dans quelque temps une collision des deux partis, semblable à celle qui se termina, il y a près de cinq cents ans, par l’expulsion des Mongols ; mais on ne peut savoir au juste quand la pusillanimité des lettrés chinois sera poussée à bout par la fiscalité mantchoue. »

Ces résultats historiques, quel que soit leur intérêt, ne sont pas les plus importants qui ressortent du livre de M. Édouard Biot. Le tableau d’un système d’instruction publique aussi original, n’ayant subi depuis des siècles que des modifications peu considérables, fait naître des réflexions également importantes, et pour celui qui recherche les lois de l’esprit humain, et pour celui qui veut en appliquer la connaissance à l’œuvre si difficile de l’éducation.

Le principe fondamental du système chinois est l’uniformité de l’éducation littéraire, intellectuelle, morale et même spéciale, en entendant par cette dernière celle qui est destinée à donner à chacun les connaissances de la profession qu’il est appelé à remplir. Ce prin-