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L’INSTRUCTION PUBLIQUE EN CHINE.

cipe, qui chez nous n’est appliqué que jusqu’à une certaine limite, l’est en Chine de la manière la plus absolue. Nous voulons, en effet, que tout homme appelé à une carrière libérale possède ce fonds commun d’instruction qui constitue à nos yeux la culture intellectuelle. Antérieurement aux études spéciales, nous exigeons une base de connaissances générales, les mêmes pour tous ; mais, au-dessus d’une certaine limite, nous permettons les spécialités aux différentes carrières et même aux différentes branches de l’enseignement. Ainsi ne l’ont point compris les Chinois. L’administrateur, le magistrat, le lettré, le soldat même, bien que cette dernière profession ait été souvent exceptée, doivent passer par les mêmes degrés de bachelier (sieou-tsaï), licencié (kiu-jin), docteur (tsin-sse), pour arriver aux hautes fonctions de leur ordre. Cette institution semblerait inexplicable, si l’on ne se rappelait que le travail littéraire n’a de valeur aux yeux de ce peuple que comme exercice intellectuel et moral. Les King sont pris pour base de l’éducation, parce qu’on les envisage comme le répertoire de toute sagesse et comme les sources nécessaires où il faut puiser la connaissance des rites ou du cérémonial antique, qui forme presque seul la morale chinoise. « L’instruction littéraire n’est donnée dans les écoles que comme moyen de connaître les principes du grand maître, dont l’étude assidue doit apprendre à chaque homme à perfectionner à la fois sa moralité et sa tenue extérieure. En constituant l’éducation du peuple sur cette base, les lettrés ont attaché à la tenue extérieure et aux pratiques du cérémonial de la vie ordinaire une importance qui nous paraît étrangement exagérée dans nos idées européennes. Il nous