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406 MÉLANGES D’HISTOIRE.

du XVe. Cette division a l’inconvénient d’enlever à l’histoire de la philologie ancienne son achèvement nécessaire, et à la philologie moderne l’intéressant tableau de ses premiers essais. Le fait de l’avénement définitif du christianisme, qui a déterminé l’auteur à prendre la première date comme point d’arrêt, n’a pas eu assez d’influence sur les études philologiques pour qu’il doive servir de limite. Les études classiques continuèrent comme auparavant, et les chrétiens lettrés ne différaient pas des païens en ce qui concerne le mode de leur culture. La philologie ancienne se prolongea ainsi en Occident bien plus tard que le IVe siècle. Le Ve fut, en Gaule surtout, un des plus remarquables par le goût de la littérature. Saint Prosper, Sidoine Apollinaire, saint Loup de Troyes, tant de rhéteurs, de grammairiens, d’amateurs beaux esprits, Tonantius Ferreolus et sa célèbre bibliothèque, où le raffinement était poussé si loin, voilà des traits qui ne devraient pas manquer à l’histoire de la culture romaine. Jamais tout l’exercice intellectuel ne se résuma mieux qu’alors dans le nom de lettré. Comment omettre également, dans une histoire de la philologie ancienne, ce curieux prolongement de la littérature latine qui se produit sous la protection des rois ostrogoths et visigoths en Italie et en Espagne ; les travaux encyclopédiques de Boèce, de Cassiodore, d’Isidore de Séville et de la studieuse génération de travailleurs qui se presse autour d’eux ; ceux de l’école d’Afrique, sur laquelle saint Augustin nous a transmis de si curieux détails ; l’Encyclopédie de Martien Capella, manuel de toute l’érudition du moyen âge ; les études bretonnes, enfin, qui se rattachent presque sans interruption aux travaux de l’école anglo-saxonne ? Il y a,