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Page:Renan - Melanges Histoires et Voyages,Calmann,1878.djvu/66

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sine de nous est à gradins et bâtie de la façon la plus étrange, composée qu’elle est d’épaulements successifs se recouvrant comme les enveloppes d’un noyau. M. Brugsch conjecture avec toute vraisemblance que c’est la pyramide de Cochomé, laquelle fut bâtie par le quatrième roi de la première dynastie. Ce serait donc ici le monument le plus ancien de l’Égypte et du monde ; mais c’est là un témoin bien muet auprès de ceux que nous allons consulter. Négligeons même, à deux pas de nous, le Sérapéum, cette première et surprenante découverte de M. Mariette, malgré sa haute importance scientifique. N’ayons d’attention que pour les tombeaux dont le sable est parsemé, et dont la plupart ont été trouvés également par notre infatigable ami.

Ces tombeaux offrent la physionomie la plus caractérisée[1]. Ce sont de petits pylônes ou des pyramides tronquées, formant par leur rapprochement des rues étroites, des impasses, une vraie ville des morts. La façade est décorée de longues rainures prismatiques, terminées par des feuilles de lotus liées en bouquet par le pédoncule[2]. La porte est très-étroite et n’est jamais au milieu de la façade. Elle est surmontée d’un tambour cylindrique présentant le nom du mort. Le mot qui désigne ces monuments, en égyptien, signifie « maison éternelle ». L’intérieur varie beaucoup pour le nombre et la distribution des pièces ; mais l’idée qui a présidé à la construction de cette « maison éternelle » est toujours la même. C’est bien

  1. M. Mariette les a parfaitement décrits dans son Catalogue du musée de Boulaq, p. 20 et suiv.
  2. Voyez des spécimens de ces curieux monuments dans Lepsius, Denkmæler aus Ægypten und Æthiopien, première partie, pl. 25 et 26.