Page:Renan - Melanges Histoires et Voyages,Calmann,1878.djvu/77

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ceux que l’on connaît ailleurs. L’édifice n’est encore déblayé qu’à l’intérieur. Cet intérieur, qui rappelle beaucoup la chambre de la grande pyramide, est en forme de T. L’aile principale est divisée en trois travées, l’aile transversale en deux. Les murs sont revêtus de granit rouge ; les architraves, en albâtre, posent sur des piliers carrés, monolithes, en granit rose. Pas un ornement, pas une sculpture, pas une lettre. Quelle confirmation frappante de ce passage du précieux traité « De la déesse de Syrie », faussement attribué à Lucien : « Autrefois, chez les Égyptiens, il y avait aussi des temples sans images sculptées ! » Et n’étaient-ce pas des édifices comme celui dont nous parlons que Strabon avait en vue quand il dit que « à Héliopolis et à Memphis, il y a des édifices d’un ordre barbare, à plusieurs rangées de colonnes, sans ornements ni dessin » ? Voici un de ces temples primitifs, monument absolument unique et séparé par un intervalle énorme des temples de l’époque classique des Aménophis et des Touthmès. L’extérieur est encore caché par le sable ; il est en énormes blocs de calcaire et rappelle beaucoup, par le mode de construction, la chapelle qui est en face de la seconde pyramide. Il ne faut pas s’attendre, quand on le dégagera, à le trouver d’une belle conservation ; mais une conjecture ingénieuse de M. Mariette, conjecture vérifiée par les fouilles déjà faites, permettra de le compléter. L’entrée des tombeaux de l’ancien empire, en effet, offre, comme nous l’avons déjà dit, la figure d’édicules qui ne sont sans doute que des réductions de façades de temples. Un sarcophage surtout du musée de Boulaq présente cette décoration d’une façon si juste et si précise, qu’il est permis provi-