Page:Renan - Melanges Histoires et Voyages,Calmann,1878.djvu/78

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soirement de le regarder comme fournissant une image de la façade du grand temple dont nous parlons. Des fouilles ultérieures trancheront la question ; mais il est bien probable qu’elles révéleront sur les blocs de calcaire de grandes lignes verticales terminées en feuilles de lotus et relevées par la polychromie.

Je ne crains pas d’exagérer en disant que ce temple ne ressemble pas plus à ceux de Thèbes et d’Abydos qu’une église catholique d’Espagne ou de Naples ne ressemble au temple de Jérusalem. Qui l’a bâti ? À qui était-il dédié ? Il est permis de répondre à ces questions : C’est Chéphren, le troisième roi de la quatrième dynastie, le successeur de Chéops, qui l’a fait élever. Cela résulte, en premier lieu, de divers rapprochements singuliers existant entre ledit temple et la pyramide de Chéphren, en second lieu d’une circonstance tout à fait décisive. Dans un puits faisant partie du temple ont été trouvées, entassées et à demi brisées, plusieurs statues en diorite, toutes à peu près semblables entre elles, toutes portant le cartouche de Chéphren. Nul doute que ce ne soient là les statues du fondateur, lesquelles, dans un moment de révolution, auront été renversées et précipitées. Ces statues, dont M. Mariette a fait transporter au musée de Boulaq les spécimens les mieux conservés, sont sûrement les plus anciennes statues que l’on connaisse ; car le grand sphinx, qui est encore antérieur, mérite à peine le nom de statue. Elles sont exécutées avec une rare habileté ; ce sont des portraits pleins de vie et d’accent.

À qui le temple était-il dédié ? Sans nul doute au sphinx, ou mieux à la divinité représentée par le sphinx, Horem-hou ou Armachis. Le temple, il est vrai, ne fait