Page:Renan - Nouvelles lettres intimes 1846-1850, Calmann Levy, 1923.djvu/129

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disposées si commodément pour moi, qu’elles n’apportent pas le plus léger obstacle à mes travaux ; je l’ai dit, et je le répété, nulle part, je ne trouverai mieux sous ce rapport, toute proportion gardée. Ce point capital sauvé, qu’importent, chère amie, des incommodités, des manques d’égard, auxquels je suis souverainement indifférent ? Ma pensée, je t’assure, est trop occupée, pour s’arrêter un instant sur ces misères. Je vis plus haut, et j’ai le privilège de ne songer guère à ce triste monde qui m’entoure. Puisque donc, chère amie, rien ne nécessite absolument un changement si onéreux, patientons encore. Déjà, en me bornant au strict nécessaire, mon entretien que je ne puis plus négliger, et surtout mes frais de livres m’entraînent dans des dépenses qui m’étonnent. Celles-là, je les regrette peu, parce qu’elles sont nécessaires ou fructueuses. Mais pour celles que je puis éviter, elles me seraient trop pénibles. Viendra peut-être un jour où ce sacrifice sera plus nécessaire ; sachons nous réserver pour tout événement. Sois persuadée, chère Henriette, que je saurai apprécier au juste le moment où un changement deviendra réellement nécessaire, et qu’alors je ne tarderai plus un jour.

Rien de nouveau, chère amie, relativement aux événements qui seuls pourraient rendre ce changement agréable et avantageux. J’ai à peu près la certitude qu’il n’y a pas de place vacante dont je puisse faire la demande, et quand il y en aurait, en vérité je ne sais si je devrais espérer