Page:Renan - Nouvelles lettres intimes 1846-1850, Calmann Levy, 1923.djvu/157

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leurs, le peuple comprend si peu la liberté de la science ! Ce sera peut-être la dernière qu’on obtiendra, et d’autant plus que les savants ne prendront pas le fusil pour la conquérir.

J’attends sans tarder une lettre de toi, excellente amie. Les circonstances présentes m’en font un besoin. Parle-moi surtout de ce qui te concerne. En cas de guerre, le dernier moment où tu pourrais fixer ton départ serait, ce me semble, celui où le consul français quitterait Varsovie, si tant est qu’il la quitte. Ce serait à ta prudence à voir si tu devrais le devancer. Songe qu’en prenant tes précautions, tu fais pour nous plus que pour toi. Adieu, excellente sœur ; ton ami tout affectionné,

E. RENAN.


MADEMOISELLE RENAN
chez monsieur le comte André Zamoyski, Nouveau-Monde, Varsovie, Pologne.


Paris, 10 mars 1848.

Excellente amie,

La date de ta lettre me fait croire que celle que je t’ai écrite le 27 février ne te sera pas parvenue. Que celle-ci te rassure, ma bonne Henriette, si ma précédente ne l'a déjà fait. Je n’ai couru aucun danger, je n’en puis courir aucun. Laissons ce point qui ne peut faire difficulté, et parlons de toi, excellente sœur.