Page:Renan - Nouvelles lettres intimes 1846-1850, Calmann Levy, 1923.djvu/214

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que je dusse attendre une réponse à cette lettre pour avoir de tes nouvelles ?… Je ne saurais le croire : ce serait, en vérité, trop souffrir… Adieu, mon pauvre ami, adieu ! Ton nom est toujours présent à ma pensée, et Dieu seul peut savoir ce qu’il y rappelle !

H. R.


Je le prie, très cher ami, de donner de mes nouvelles à notre pauvre mère, et de dire à notre bon Alain qu’il m’est absolument impossible de lui faire maintenant la remise dont je lui parlais dans ma dernière lettre. On me demande 12 % d’escompte pour une lettre de change sur Paris ; et encore on est loin de m’en garantir le paiement. Les maisons de banque d’ici n’offrent plus aucune sécurité en cas de retour ; et d’ailleurs il faudrait toujours perdre l’escompte, ce qui serait insensé. La maison de banque de Paris où le père de mes élèves avait des fonds, a suspendu ses paiements ; mais le comte m’a assuré que, dès que le dividende des créanciers serait fixé, il me ferait recevoir par cette voie, et sans frais, ce que je veux faire parvenir en France. Seulement, cela pourra être fort long ; car au lieu d’aller de mieux en mieux, les affaires de finance vont encore bien souffrir des derniers événements. — Quel temps ! quelle vie ! — Envoie, je te prie, ces mots à notre bon frère ; qu’il comprenne les obstacles qu’il y a sous mes pas, et l’état où sont les affaires dans toute l’Europe.